Professeur :
Marion Eloy
Histoire
Les plus anciennes flûtes à bec remontent à la préhistoire. Il convient toutefois de distinguer parmi tous les instruments « à bec ». Stricto sensu, la flûte à bec (flûte douce, flûte d’Angleterre, flûte à neuf trous) est un instrument qui comporte huit trous de jeu dont un manipulé par le pouce pour faciliter l’émission des octaves aigues.
Cet instrument apparaît incontestablement dans cette forme particulière à partir du XIVe siècle dont il subsiste quelques vestiges (flûte de Dordrecht, fragment de Würzburg et flûte de Göttingen). On peut supposer qu’il existait déjà auparavant, mais aucune preuve tangible n’a encore put étayer cette hypothèse. À cette époque il comportait neuf trous de jeu (d’où son appellation de « flûte à neuf trous ») mais le nombre utile n’était en réalité que de huit car on devait choisir entre les deux trous percés côte à côte au bas de l’instrument afin de laisser le choix entre une tenue de droitier ou de gaucher et le trou inutile était bouché à la cire. C’est cet instrument qui sera décliné en plusieurs tailles jusqu’à former une famille étendue et homogène à partir du XVIe siècle que l’on désigne ordinairement par le vocable d’origine anglaise « Consort ».
L’évolution de la construction des flûtes à bec, qui échappa à l’industrialisation et à l’usinage forcenés des instruments de musique au XIXe siècle, a conduit au XXe siècle en partant du modèle baroque à des réalisations surprenantes d’instruments pourvus de systèmes de clés à la façon des instruments « Boehm », ou d’une totale révolution dans le design acoustique du corps de l’instrument, des matériaux choisis (bois, résines, plexiglas, métal) et des extensions (amplifications, transformations de timbre par appareils électroniques en temps réel).
Une histoire aussi longue et aussi variée a légué à la flûte à bec un répertoire abondant. Très utilisé dans la musique savante profane et religieuse depuis le XVe siècle au moins (il ne subsiste rien de la musique populaire), cet instrument connut une éclipse relative au XIXe siècle et jouit d’un regain de popularité dès les premières années du XXe siècle notamment par l’action d’un de ses plus fervents défenseurs, le musicien et musicologue anglais Arnold Dolmetsch. Associé aux mouvements populaires des jeunesses musicales allemandes dans l’entre-deux guerres, largement diffusé en Angleterre puis en Europe grâce à sa production de masse en bakélite dès les années 1940, cet instrument fut associé pour toutes ces raisons aux activités pédagogiques et scolaires dans les années cinquante.
Il connaît à présent une véritable activité de concertiste professionnel et est enseigné à un niveau supérieur dans les conservatoires spécialisés. On le rencontre dans le répertoire classique contemporain (Berio, Donatoni…) mais aussi de musique pop, de musiques actuelles, voire de jazz (Album Spirits de Keith Jarrett).
Classification
La famille se décline aujourd’hui en instruments en do et en fa :
– Sopranino (fa)
– Soprano (do)
– Alto (fa)
– Ténor (do)
– Basse (fa)
– Grande basse (do)
– Contrebasse (fa)
Cette classification est loin de refléter la diversité des instruments historiques. Les premiers utilisateurs du début du XXe siècle, se basant sur les instruments baroques et cherchant sans doute à créer une famille qui corresponde aux exigences des classifications chorales modernes et à l’aspect courant de la musique de chambre d’alors (quatuor à cordes notamment), firent écrire des quatuors de flûte pour soprano, alto, ténor et basse. Cette formation n’a visiblement rien d’historique, et la réalité du répertoire fait appel à des consorts qui sont loin de cette formation « classique ».
Les instruments solistes, quant à eux, étaient déclinés en de nombreuses tonalités différentes. Le « dessus » le plus courant au XVIe siècle était en sol, et l’époque baroque employa abondamment des instruments tels que la « flûte pastorale » en mi bémol, « flûte de voix » en ré, « Sixth flute » en ré également, « Fourth flute » en si bémol. L’alto pouvait être en sol ou en fa en pleine période baroque encore… La liste exhaustive de ces instruments serait fort longue.
Il existe depuis peu une flûte « subcontrebasse » en do.
(article tiré de la Wikipédia )