L’enseignement artistique en France (à l’image de l’enseignement général) est traditionnellement organisé en disciplines (violon, chant choral, danse contemporaine, formation musicale…) qui sont enseignées par des professionnels hautement qualifiés et très spécialisés. De grosses évolutions ont eu lieu depuis les années 2000 qui ont permis d’envisager la formation de l’élève de manière plus globale et transversale. Ainsi la formation d’un élève est assurée par un ensemble de pédagogues coopérant pour des objectifs partagés et non plus confiés au seul professeur d’instrument. Le DEM est par exemple un diplôme en plusieurs UV qui garantissent l’acquisition de compétences variées (en technique instrumentale, en variété de répertoire, en formation musicale et culture, musique de chambre et pratique collective). Les cursus de danse prévoient la pratique de danses variées et des apports d’histoire de la danse qui vont enrichir le langage et l’univers de l’élève.
C’est néanmoins toujours la segmentation par discipline qui reste au cœur de la construction pédagogique et il est encore difficile de prendre en compte les autres pratiques artistiques et culturelles de l’élève pour l’accompagner pleinement dans la recherche de son épanouissement artistique.
C’est pourtant grâce à la richesse des expériences menées, la multiplicité des rencontres, la diversité de ses expérimentations qu’un (élève)artiste va construire sa personnalité et son propos artistique.
Les formes artistiques actuelles sont de plus en plus souvent hybrides et peuvent être qualifiées de pluridisciplinaires (danse et théâtre, lecture-concert, danse et vidéo, cirque et danse contemporaine avec musique interprétée en direct…).
Comme l’affirme le SNOP 2023 (page 11), « Les artistes s’engagent de plus en plus dans des démarches allant jusqu’à l’effacement des frontières entre les arts, s’éloignant parfois des codes traditionnels ou les redécouvrant pour s’y ressourcer. Il en résulte des formes nouvelles et des brassages multiples : croisement des champs artistiques, interdisciplinarités, nouveaux modes de transmission, supports enregistrés et manifestations hors du spectacle traditionnel, diffusion en ligne, etc. (…) La richesse de l’enseignement initial de la danse, de la musique et du théâtre tient à sa capacité à rendre possible le croisement des arts et à offrir des parcours variés : l’offre peut aller de la simple sensibilisation aux formations les plus complètes. Les réalisations artistiques y ont un champ d’expérimentation ouvert aux initiatives les plus diverses »
De nombreux projets du conservatoire font déjà appel à l’interdisciplinarité et prévoient la rencontre de la danse et du chant, des musiques actuelles et des instruments classiques, de la vidéo et de la musique jouée en direct et permettent la coopération des enseignants entre eux ou avec des partenaires extérieurs (compagnies théâtrales, ateliers d’arts plastiques, photographes, vidéastes).
La transdisciplinarité permet d’envisager des formes plus complexes et variées de rencontres entre les arts et les pratiques artistiques et culturelles, une démarche plus fusionnelle permettant d’aboutir à une réelle transformation de l’artiste. La racine même du mot (trans-) la situe à la fois entre, à travers et au-delà de toute discipline.
Ce dépassement de la notion même de discipline artistique est sans doute un objectif chimérique, mais l’ambition de transdisciplinarité peut servir de boussole à une équipe pédagogique de manière à construire des projets débordant la notion de disciplines et à considérer l’élève dans son entièreté humaine, culturelle et artistique et non seulement par le prisme de la discipline pour laquelle il vient a priori chercher un enseignement.
Pluridisciplinarité, interdisciplinarité, multidisciplinarité ou transdisciplinarité : peu importe le terme employé finalement tant que sont encouragées les rencontres, les expérimentations, les situations permettant de décentrer le regard, de modifier les perceptions, de « se mettre à la place » pour mieux inventer ensemble et pour finalement encore mieux s’inventer soi-même.
Quelques exemples de certains de nos projets illustrant cette démarche :
- Pratique artistique et arts plastiques (projet soutenu par le département de la Seine-Maritime en 2023-2024)
- Écoutons-voir, projet musique et cinéma élaboré avec Passeurs d’images en 2023
- Composition à la batterie – chorégraphies croisées pour le spectacle de danse, juin 2023
- Les chœurs en mouvement, chorégraphiés par Sophie Rabl et dirigés par Lydia Vincent
- La Cerisaie de Tchekhov mis en scène par la Compagnie Genèse pour les élèves adultes de l’école de théâtre de Grand-Couronne avec la participation de l’ensemble à cordes dirigé par Violette Nebl, en juin 2023
- Rencontre avec Jean-Baptiste Soulard lors de son spectacle Le silence et l’eau mêlant musique, danse et littérature, janvier 2022 et avec la Compagnie Hors d’œuvre, en résidence à Commediamuse, novembre 2021
- Spectacle Grandir or not Grandir, mars 2020
- Résidence du photographe Loïc Seron décembre 2019-juin 2023
- Ciné-concert Les premiers court-métrages par la Mascotte des soufflants, décembre 2019
- Nombreux et réguliers contes musicaux
- Le petit tailleur avec la compagnie Commediamuse, janvier 2018
- Spectacle The Hobbit dans le cadre du festival Terres de Paroles, Théâtre Charles Dullin, avril 2017
- Don Quichotte, musique et théâtre, avec la Compagnie La Dissidente, avril 2017
- Création de la musique du ballet pour le spectacle de danse, juin 2017
- Projet « Musique en scène » avec le soutien du département de la Seine-Maritime, 2017
- Pierre et le loup, avec le conteur Guillaume Alix, janvier 2017
- « Piano-Impressionniste » dans le cadre de Normandie Impressionniste, musique et école de Rouen, partenariat avec la Galerie Bertran, septembre 2016
- etc
Validé en Conseil Pédagogique le 24 novembre 2023